Le jeu comme point d’entrée thérapeutique
« Papa, on n’a fait que jouer avec Gwenola aujourd’hui ! »
Et pourtant… cette séance n’avait rien de banal. À travers une histoire inventée mettant en scène un crocodile glouton et un ours très fâché, ce garçon de 7 ans a exploré — en jouant — des thèmes profonds : le déclencheur de sa colère, le sentiment de culpabilité, la peur de ne plus être aimé… et même comment réparer une relation après une erreur. Tout ça, sans en avoir pleinement conscience, dans la légèreté du jeu.
C’est là toute la richesse du jeu thérapeutique : il devient un espace symbolique sécurisant, où les émotions prennent forme, où les conflits intérieurs peuvent s’exprimer sans danger.
Une relation de confiance, à travers le jeu
En tant que thérapeute, je m’appuie sur le jeu comme vecteur de lien, d’observation et de transformation. La thérapie par le jeu repose sur une relation d’attachement solide, tissée dans un cadre prévisible et bienveillant. L’enfant sent qu’il peut être lui-même. Il peut prêter ses émotions à un toutou, un super-héros ou un personnage inventé — et moi, je l’accompagne doucement pour mettre des mots sur ce qui se joue dans son monde intérieur.
Le jeu thérapeutique permet ainsi de parler de situations réelles, de revivre symboliquement ce qui a été difficile… sans jamais forcer l’enfant à verbaliser ce qu’il ne peut pas encore nommer.
Une séance structurée, mais souple

Pour rassurer l’enfant, chaque séance suit une trame simple et adaptée :
- Temps d’accueil et d’échange : On parle de sa journée, de l’école, des petits ou grands événements récents.
- Choix d’une situation à explorer : Satisfaisante ou difficile (dispute, peur, explosion de colère…).
- Mise en scène : Dessin, pâte à modeler, marionnettes, figurines… L’enfant choisit comment raconter. J’ai aussi des cartes imagées pour l’aider à amorcer la discussion.
- Temps de jeu libre à deux : Un moment souvent très révélateur. Comment gère-t-il la défaite ? Attendre son tour ? Accepter les règles ?
L’important n’est pas d’analyser ou d’interpréter ce que l’enfant dessine ou crée. Le jeu est un prétexte pour être ensemble, dans le moment présent, et pour accueillir ce qui émerge sans jugement, avec curiosité et douceur.
Le jeu, un espace de corégulation émotionnelle
Jouer, c’est sérieux… surtout quand ça aide à faire la paix avec ce qu’on ressent. Quand un enfant joue avec un adulte bienveillant — un parent, un intervenant, un thérapeute — il vit une expérience de corégulation. Cela veut dire qu’il peut s’appuyer sur un système nerveux régulé pour ajuster le sien. L’adulte « prête » sa stabilité émotionnelle, et l’enfant, petit à petit, apprend à moduler ce qu’il vit.
Par exemple : un enfant perd à un jeu et s’énerve. Plutôt que de le gronder ou de banaliser son émotion, on peut l’accompagner : « Tu es déçu, tu aurais aimé gagner. C’est normal. On fait une pause ou une autre partie ? »
Ce sont dans ces micro-moments que l’enfant intègre, en douceur, les premières bases de l’autorégulation.
Rejouer pour comprendre, réparer, digérer
Les enfants qui vivent des émotions fortes ou des situations déroutantes (dispute, séparation, perte…) vont souvent les rejouer symboliquement. Un toutou qui hurle, une figurine rejetée, une marionnette qui se cache — ce n’est jamais anodin.
Et si j’entre dans le jeu thérapeutique avec lui, je peux l’aider à revisiter ces scènes en proposant d’autres voies : « Monsieur Lapin a crié très fort… il avait peur que son ami l’abandonne ? Tu crois qu’on peut l’aider à dire ce qu’il ressent ? »
Ainsi, l’enfant met en mots, cherche des solutions, comprend mieux ses besoins… le tout dans un cadre doux, créatif, rassurant.
Mon rôle n’est pas d’interpréter ce que l’enfant exprime dans son jeu comme on analyserait un rêve ou un dessin. Je reste connectée à l’ici et maintenant de la relation, et je me laisse guider par ce que l’enfant me montre, propose, ou invite à explorer. Le jeu est une rencontre, pas un test.
Les bienfaits du jeu sur le cerveau
La science le confirme : le jeu est bon pour le développement global de l’enfant, et pas seulement émotionnellement.
- Réduction du stress : le jeu diminue le taux de cortisol (hormone du stress) et améliore ainsi la gestion des émotions.
- Fonctions cognitives : il stimule la curiosité, la mémoire, la planification, la résolution de problèmes.
- Habiletés sociales : jouer avec les autres, c’est apprendre à coopérer, à négocier, à respecter des règles.
- Santé mentale : les enfants qui jouent régulièrement avec un adulte engagé présentent moins de symptômes d’anxiété, de dépression ou de troubles du sommeil.
Comment encourager le jeu au quotidien ?
Voici quelques pistes simples pour intégrer le jeu dans votre quotidien, tout en soutenant le développement émotionnel de votre enfant :
- Laissez-le choisir ce qu’il veut faire : c’est bon pour l’autonomie.
- Respectez son rythme : même si vous connaissez la solution, laissez-lui le temps d’expérimenter.
- Participez à son jeu : entrez dans son univers, suivez ses règles.
- Nommez ses apprentissages : « Tu as persévéré », « Tu as consolé ton personnage », « Tu as trouvé une solution ». « Tu t’es arrêté quand tu t’es senti fâché, c’est une grande force de le reconnaître. » Ces petites phrases renforcent la confiance de l’enfant en sa capacité à ressentir, comprendre et réagir avec sensibilité.
En conclusion : jouer, c’est aimer
Jouer, c’est bien plus que passer le temps. C’est une façon de créer du lien, de bâtir la confiance, d’ouvrir un espace d’expression, de nourrir l’estime de soi et de soutenir la santé émotionnelle.
Vous pensez que votre enfant aurait besoin de jouer avec moi? Entre une baguette magique et un crocodile en peluche, il y a souvent une émotion qui cherche à se dire. Je suis là pour l’écouter. Prenez rendez-vous dès maintenant. J’offre des consultations en ligne ou en personne à Montréal, dès 7 ans. En savoir plus.